• | 8 |

    Et elle voit ce visage. Ce visage tant plaisant, tant agréable. Des pétales de roses lui tombent dessus grâce au doux souffle du vent. Le bellâtre s'approche pour lui donner un baiser. Mais avant... Il murmure quelque chose. Inaudible. Melo' ne comprend pas. Il lui murmure des mots et voyant qu'elle ne comprend pas, il s'en va, le sourire charmant ne disparaissant pas de son visage.

    " Reviens... Ne me laisse pas seule... Trop de gens sont partis de ma vie. Tu m'as apporté un bonheur instantané par ta présence. "

    Le visage s'éloigne dans la brume. Ses gestes se font indécis. Pas à pas, il recule. Et s'en va comme les souvenirs font place au présent heureux.

    Le bruissement des feuilles donne un aspect pacifique aux choses. Melo' pleure à nouveau. Elle le pleure. Elle a vu son bonheur. Elle l'a vu s'échapper, lui et son sourire. Ses larmes ruissellent sur les pétales laissées par le vent au sol.

    Soudain comme une chuchottement. Chuchottement qui se fait bruit incessant. Bruit qui se fait chaos. Elle ne le supporte pas. Comme un ultra-son transpercant son ouie d'un bruit effroyable. Mais bien qu'exercant une pression sur ses oreilles pour ne point entendre, le bruit la traverse de part en part. Tout tremble. Etrange sensation.

    " Melo' réveille-toi. ", hurla la mère de celle-ci.

    Réveil douloureux. Car contrairement aux autres fois, elle se souvient de la veille. Elle se souvient de cette lame passionnelle qui lui cisaillait le coeur à chaque instant. *
    Oui Melo', il faut aller de l'avant. Faire avec. Vivre avec. Si tu ne le fais pas, cette illusion romantique te tuera. *

    " On va chez Marragita... Lève-toi. ", dit-elle d'un ton sec.

    Evidemment Melo' était la dernière au courant. Avec Mercant. Tous deux montrèrent un faible enthousiasme. Parce qu'évidemment ils étaient les deux seuls à devoir porter la croix de l'ennui ce jour-ci.

    13h. Départ pour l'Allemagne sous un soleil chatoyant. Mais à trop le regarder, Melo' cligne nerveusement des yeux. *
    Oui ce soleil que j'aurais voulu voir avec toi... Je n'ai plus que mes yeux pour l'admirer maintenant. *

    14h. Arrivée à l'endroit si attendu. C'était une grande maison, avec un petit verger. La verdure luisante donnait une impression de paradis. Des tomates, des choux. De quoi se nourrir pendant au moins une décennie. Mais ce n'est pas ce qui intéressait Melo'. D'ailleurs rien ne l'intéressait. Melo' éteint son mp3 et se dirige vers la maison.
    A peine entre-t-elle qu'une grande émotion la submerge. Il faisait sombre, les stores étaient fermés. Ce qui la surprenait c'était de voir à quel point l'endroit reflétait la maîtresse de maison. Depuis que son fils avait quitté le domicile familial, Marragita vivait seule. Dans cet endroit calme mais froid d'émotions. Cette chambre au fond du couloir, qui devait être la seule pièce chaude de la demeure, attira l'attention de Melo'. Mais elle n'y entra pas... Des souvenirs pourraient ressurgir. Lui rappeler ce qu'elle fait dans la sienne. Et l'obscurité de la pièce n'arrangerait rien. Les hôtes rejoignent alors le salon. Salon peu orné. Mais il y avait ce vaisselier, où se trouvaient des photos de la vieille dame jeune. Moment nostalgique lorsque les deux femmes évoquent l'enfance de Marragita.

    De leur côté, Melo' et Mercant, toujours aussi complices, s'ennuient ferme. Mercant tenta un vain divertissement qui consistait à traduire des mots vulgaires en d'autres langues. Mais ce jeu ne les amusa pas longtemps... Car ils étaient à cours de grossièretés. Las d'ennui, et poussés par une violente envie de repos, les deux compagnons s'endormirent sous le regard amusé des deux femmes.

    A leur réveil, Marragita annonca qu'elle comptait faire la cueillette aux cerises. La mère des deux garnements aquiesca d'un vif ' Oui ' et poursuivit par un ' Au moins ca vous fera bouger '... *
    La cueillette aux cerises ?!! Et tu veux pas que jfasse du blé au moulin du coin tant que t'y es ? * Melo' considéra sa mère avec un grand dédain et se leva difficilement.
    Durant tout le chemin, Melo' rumina, arrachée à un sommeil si doux. Et qui pour une fois n'était pas dû aux paradis artificiels. La machine s'arrête dans un endroit désert. Hautes herbes. Papillons, abeilles, et insectes du genre peuplent cet endroit flegmatique.

    Après avoir cueilli quelques cerises, Melo' s'éloigne. Etrangement elle se sent sereine. Si sereine qu'elle en oublierait presque qu'elle chante. Comme si tout s'était dissipé dans un nuage d'insouciance instantané. *
    Et si finalement ca n'était pas grave... Tu as toujours cet espoir. Tu l'aimes et alors ? Tu ne sais pas si c'est de l'affection ou pas, et alors ? Profite de ta vie tant que tu peux le faire. Ne te crée plus de problèmes qui n'ont pas lieu d'être. Car tout ce que ça t'a apporté c'est des flots de larmes, et l'effet malsain de l'alcool. *
    Et Melo' danse ... Au milieu du champ, Melo' danse d'un bonheur imprévu. Elle se sent légère comme le vent qui fait tomber les cerises sur l'herbe. Elle sent le doux vent effleurer sa peau. Un bien être qui lui appartenait. Un moment de joie rien qu'à elle.

    Mais toute bonne chose a une fin... Mercant la prend par le bras et l'emmène vers la voiture. Mais Melo' garde ce sourire ingénu car elle était soulagée. Libérée par ses propres mots, soulagée par sa propre conscience, Melo' s'en va vers un nouvel horizon...


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  • | 7 |

    Et elle pensait à lui... Incessament. Une gorgée.

    *
    Davko, je t'ai aimé. J'ai compris ta décision. Je t'aime même d'un sentiment qui transcende l'amour. Mais tu ne me sais pas dans cet état de tristesse. Et je ne veux pas que tu me saches ainsi... *

    Elle l'avait tant aimé. La rupture fut brutale mais douce. Car le lien n'avait pas été rompu.

    Elle se souvient encore de leurs vieilles taquineries. Des " Je t'aime, moi non plus " qui les faisaient tant rire. Elle se souvient du jour où il lui avait dit qu'il avait voulu réparer son coeur. Elle voit comme ca l'avait touchée...

    Chaque visage qui ressemblait un peu à Davko, lui rappellait l'homme qu'il avait été avec elle. Et qu'il aurait été s'il avait été auprès d'elle.

    Ce 14 février. Un SMS. Des mots singuliers pour elle. Elle ne les oubliera jamais. Elle était trop heureuse pour y croire. Elle se sentait enfin belle et exceptionnelle pour quelqu'un. Malgré la distance, leur relation était fusionnelle. Ils ne manquaient pas de dire qu'ils s'aimaient.

    Mais Melo' sentait que quelque chose n'allait pas. Comme une poussière d'étoile dans l'oeil qui l'empêchait de contempler son bonheur. Melo' s'accrochait à l'espoir... A son illusion. Elle l'aimait de plus en plus. Son absence ne faisait que renforcer son amour pour lui. Elle s'était dit que personne n'aurait raison de cet amour.

    2 gorgées. Et elle se dirigeait lentement vers la déchéance ...

    Mais cette prospérité ne dura pas. Une chose avait reussi à les séparer. Cruel destin. C'est une belle femme au teint poupin, aux lèvres sensuellement sanguines et au regard froid comme février. Au début des amours de Melo' et de Davko, cette dame se faisait discrète voire inexistante. Mais plus la relation des deux êtres était importante, plus la dame se faisait imposante et invivable. De ses attributs, la jeune femme est parvenue à ses fins : séparer les deux amants. Sa mission finie, elle s'en va, disparaît dans la détresse de leurs mots, s'efface comme la mer gomme les pas vagabonds sur le sable... Cette marâtre n'est autre que Dame Distance.

    Tous ces mots se bousculent dans sa tête. Elle n'est pas stable sentimentalement. Et elle le sait. Mais l'heure est aux regrets...

    Melo' s'allonge sur le lit. Le regard triste dans le vide. Ce vide qui s'était installé depuis ce jour de mai.

    Vide intellectuel. Melo' ferme les yeux, car la pièce tourne, et est d'un flou étrangement éthylique. 2 minutes plus tard, Melo' s'endort. Des traces noires sur ses joues témoignent de sa mélancolie nocturne...

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  • | 6 |

    *
    C'est tellement beau... Mais j'ai tellement peur. Peur de me dire qu'un jour nous serons peut être séparées... L'oubli serait une blessure ouverte que je ne pourrais supporter... *

    Melo' appuie sur le bouton, mais à peine les portes ouvertes, une horde d'êtres incivilisés, surexcités par la chaleur, sort dont un jeune homme qui la bouscule.

    *
    Enfoiré va... Par contre bel enfoiré ! *

    Et tout de suite sa colère s'estompe. Durant tout le trajet la menant au domicile familial, elle réflechit... Seule. Seule face à ses interrogations...

    19h30. Retour à la réalité froide. Comme quand on passe du chaud au froid. La mère de Melo' lui demande de faire la vaisselle. Cette vaisselle qu'elle avait déjà fait toute la semaine. Melo' ne veut pas. Trop c'est trop, alors non.

    " Tu me parles autrement ! J'suis ta mère pas ta copine ! Dès qu'il s'agit d'elles, c'est bon j'existe plus... Tu oublies que je suis malade et que j'ai le coeur fragile. De toute façon, tu ne penses qu'à toi et tes propres intérêts. "

    Choc émotionnel. Melo' a mal. Mal au coeur. Elle qui était la première personne à lui avoir rendu visite à l'hôpital. Qui venait tous les soirs dès qu'elle pouvait. Et ... Egoïste ? Depuis longtemps un silence sourd s'était installé entre elles. Seules les banalités pouvaient être sujets de discussions. Quelque chose s'était brisé.

    Melo' ne l'encaisse pas. Ne le supporte pas.

    *
    Que tu sois malade, soit. Mais ta maladie ne doit pas cautionner ta mauvaise foi et tes sautes d'humeur d'ex-fumeuse. *

    Melo' se dit qu'elle ne devrait pas penser ça. Pas de sa mère. Et pourtant si. L'effroyable vérité est là. Elle n'éprouve plus aucune compassion pour sa génitrice, leurs discussions sont stériles. Melo', chez elle, vit dans une bulle de haine, qui l'empêche d'éprouver de l'affection pour un quelconque habitant de cette demeure. Bien que 4 ans les séparent, Mercant était le seul qui échappait à cette aversion.

    Mais ce soir, Mercant ne peut plus rien pour Melo'. Elle ne va pas bien. Est inconsolable. Et ne veut parler à personne. Elle s'enferme dans sa chambre. Et là commence la descente aux enfers...

    Melo' met sa chanson sombre préférée et commence à se maudire. Elle prend sa paire de ciseaux la plus aiguisée et la fait glisser sur sa douce peau satinée.

    *
    Tu n'es même pas capable d'aimer ta propre mère... Tu n'as pas le courage d'appuyer plus fort. Penses-tu à elles ? Au mal que tu leur ferais en commettant l'irréparable ? Petite égoïste. Finalement ta mère avait raison. *

    Melo' éclate en sanglots. Ses larmes perlent sur ses joues. Elles l'aveuglent même tellement son chagrin est profond. Elle voit son reflet dans le miroir, posé sur la commode : son mascara coule sur son visage telle la pluie sur une rose épanouie.
    Melo pose ses ciseaux sur la table de chevet et s'abandonne au paradis artificiel qu'est l'alcool. Elle boit pour oublier. Elle boit pour devenir plus forte... Pour mieux encaisser les coups. Mais ca ne fait que la détruire.

    Au début on en prend pour être bien. Après on en prend pour ne plus être mal.

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  • | 5 |

    " Cuisine ? ", proposa Asposa.

    " Hum... cuisine ?? ", poursuivit Melo' " t'as déjà goûté mes frisbees au chocolat ( NDLR : gâteaux au chocolat réputés pour leur dureté ). Aussi durs qu'un bloc de marbre. Donc bof... "

    Une activité qui pouvait les réunir. 5 consciences à la reflexion par cet après midi étincelant de chaleur. Et le temps fuyait fatalement... Mais elles couraient sereines vers leur futur.

    " Une activité sportive ? ", lança Drica.

    Ce qui provoqua des sueurs froides chez ses compagnes. Car sport = efforts = crampes = fatigue.

    " Ok mais pas d'athlétisme hein... Pourquoi pas du self défense ? ", déclara allégrement Queltia.

    La troupe aquiesce la suggestion d'un " Ouais ! " euphorique. Et à partir de cette idée, profusion de propositions. L'esprit de leur amitié était aussi d'avancer ensemble. Une reflexion pouvait en amener une autre, et tout cela sur fond de bonne humeur. Melo' avait retrouvé en elles l'amitié qu'elle avait perdu chez d'autres. Il avait même substitué le manque d'affection maternelle chez elle.

    Cette pensée provoquait en elle un pincement au coeur, se finissant tout le temps par une larme de joie. Un espoir de renouveau lui illuminait le regard.

    19h. Toutes les idées consciencieusement notées sur un morceau de papier, projets figés sur un support, elles partirent en direction du tram. Et ce n'est pas ce moyen de locomotion qui freina leur élan philosophique. Elles reflechissaient aux problèmes de la société. Bien que jeune, Manza' avait une gymnastique intellectuelle très développée. Chacune donnait son point de vue, argumentant, contre-argumentant...

    " En fait, les filles... Je crois qu'on a mûri. Fini le temps de l'innocence. 'Fin à part pour toua Manza', mais ne jouons pas sur les mots ! Nous avons franchi le mur de la sagesse ensemble. En étant toutes différentes, on s'est enrichies... C'est pas beau ça ? ", déclara Drica.

    Ce petit discours se solda par une grande accolade. Accolade qui scellait leur amitié dans l'instant présent. Quelques passagers eurent un sourire de sympathie pour les 5 jeunes demoiselles.

    Toutes descendirent à l'arrêt place de Rhum. Drica, Queltia, Manza' et Asposa coururent pour attraper leur tram car l'attente était interminable et l'engin, en général, bondé. Melo' les salua de loin, avec son sourire le plus sincère. Ce sourire qui voulait dire " Merci, je vous aime ".

    Melo' court rattraper le tram qui allait dans l'autre sens. Melo' pense...

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  • | 4 |

    16h30. Le soleil implacable s'est emparé de tout le volume hydrique des corps.

    " Quelle canicule de merde! Et en plus, on est obligées d'aller à la place de Rhum pour boire... Tsss... ", pesta Drica qui avait encore assez d'energie vitale pour parler.

    16h35. Asposa arrive en grimaçant car elle sait qu'elle est en retard. Mais les 4 camarades n'ont plus assez de force pour demander des explications. Résultat : 5 corps allongés dans une herbe anormalement verte. Trop verte pour être vraie.

    Alors que les jeunes filles se laissent aller à l'indolence de l'aridité de Localo, Manza' sur le point de s'abandonner aux bras de Morphée, bondit.

    " Ca vous dit pas de bouger un peu là ? J'ai l'impression d'être comme un lézard au soleil, moi... ", boude-t-elle.

    Regard stoïque de la part des lézardes. Parce que ca les fait braire, les lézardes, de devoir se lever.

    Puis Melo' se ressaisit avant de tomber dans un coma caniculaire.

    " Ouais c'est vrai ", dit-elle.

    Et Melo' se laisse tomber sur l'herbe, mêlée aux pétales de fleurs fanées...

    " Raaahhh... La gravité, y a que ça de vrai ! ", enchaîne-t-elle en souriant béatement.

    Drica, de son côté, était pensive. Elle avait perdu cet air espiègle pendant un instant. L'instant d'une pensée de projet.

    " Pourquoi on ferait pas toutes une activité commune ? ", proclama Drica, " Ca ne pourrait que nous rapprocher... Puis ca serait marrant ! "

    Enthousiasme général qui signifie l'approbation de l'idée. Euphorie retentissante. L'assemblée conviviale applaudit... Au détriment des voisins qui semblent considérer les jeunes filles avec condescendance.

    " Bande de jaloux ", chuchotte Asposa, leur rendant leur mépris d'un regard hautain.

    Et voilà comment leur vie, faite de petits bonheurs, de projets sur le tas, a commencé...


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