• |13|

    Une douce lueur éveilla la jeune Melo'. Ce matin n'était pas commun à tous les autres. Il ne devait pas ressembler à ces autres matins. C'était un nouveau départ. Un tableau sans couleur sombre. Un ciel sans nuage. Une passion sans souffrance. Bien que la douleur n'en soit pas moins atténuée, Melo' avait décidé de se battre. Pour Mercant. Pour celui qui a combattu la tristesse avec elle. Pour Queltia, Drica, Manza et Asposa. Celles qui avaient fait que seule la joie émane d'elle. Pour Namoga. Pour qu'elle n'ait plus à craindre une prochaine désolation. Pour son amour, Davko. Pour qu'il la voit sourire, pour que leur amour ne soit pas éclaboussé par le tourment.

    Melo' resta interdite sur ce lit. Elle savait que ça serait dur. Que pour passer de la déchéance à l'euphorie, il fallait passer par d'autres sentiments intermédiaires. Mais elle ne voulait plus sentir le mal en elle. Elle le rejettait. Elle ne voulait plus qu'il pénètre en elle. Il avait annihilé toute conscience. Elle rejetait sur les autres ce mal qui lui coulait dans les veines. Cet acide affligeant qui la brûlait de l'intérieur. Mais Melo' avait décidé de le chasser de son enveloppe corporelle. Quitte à perdre une partie d'elle...

    * Si tu regardes ta vie, tu verras dans son regard la passion qui l'anime, l'amertume qui rend son regard froid, l'amour qui la change et l'amitié qui la fait exister. *

    Elle était devenue plus sensible aux choses. Elle s'interessait à tout. Elle avait envie de culture, de voyage, de lecture. De jour en jour, de semaines en semaines, Melo' reprenait goût à la vie. Ses traits se faisaient plus doux, ses mots plus affectueux, son paysage brillait de mille et une couleurs.

    Sa relation vis à vis de Davko avait aussi changé... Bien qu'étant séparés, une forte affection les liait encore. Leur mots se faisaient plus tendres, leurs voix s'épousaient parfaitement. Ils s'aimaient toujours mais sans en dire mot. C'était une passion silencieuse. Leur destin était tout tracé, il ne leur restait plus qu'à suivre leur chemin main dans la main...


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  • | 12 |

    Tout vacillait. * Ce poison ne t'offre qu'un bonheur éphémère. Te fait oublier les souffrances que lui-même te fait endurer. * Et soudain, le mal être se fait vertige, le décor se fait vide, les sentiments se font ressentiments. Melo' sent ses larmes effleurer ses joues à nouveau. Ces mêmes meurtrissures. L'amour à fleur de peau, l'affection entre les mains, la passion dans le regard, mais l'amertume au cœur. Voilà, à quoi se résumait la vie de Melo'. Alors que Melo' regardait son obsession afin de l'affronter, Mercant voit la Sainte Déchéance emporter sa sœur. Mais ses larmes, il n'en veut pas. Il n'en veut plus.

    - Viens, Melo'... Ca sert à rien. Jte vois pleurer à chaque fois que tu prends cette saloperie, arrête... Et quand je te demande ce qui ne va pas, tu balbuties des mots, tu ne peux même plus parler.

    Mercant, éradique le breuvage de la vie de Melo'.

    - Promets-moi que t'y toucheras plus. Que je verrai plus ton mascara couler, implora Mercant.
    - Laisse-moi Mercant... Laisse ta sœur noyer sa désolation dans la boisson et la confusion. Laisse-la se sortir du puits de désespoir dans lequel elle s'est elle-même jetée. Laisse-la ...
    - C'est ça que tu veux ? Rester abattue jusqu'à la fin de tes jours ? J'ai toujours été là dans les pires moments, je ne te laisserai pas. Jamais.
    - Laisse-moi, dit Melo en bafouillant... Une profonde morosité se lisant dans sa voix.

    Mercant était pourtant rassuré d'avoir enlevé une part de la souffrance de sa confidente. Melo' était allongée, et il savait que tenter de l'amadouer avec de l'affection fraternelle ne l'atteindrait pas. Dans ces moments-là, elle devient froide, antipathique. Il laissa donc Melo' à ses songes mélancoliques... Au fond, elle savait que c'était vrai. Elle savait qu'il avait raison. Que soigner des plaies avec un bonheur artificiel n'arrangerait rien.

    Mais pour lui, elle avait décidé de se défaire de cette prison éthylique. Pour lui, elle avait excommunié sa fierté. Pour lui, elle avait décidé de changer. Le vague à l'âme, mais un léger sourire aux lèvres, Melo' s'endort dans l'espoir de se réveiller sans regrets...


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  • | 11 |

    Elles dérangent. Elles le savent. Mais peu importe. Le cynisme avait déjà empoisonné l'ambiance mielleuse de l'assemblée. Rongé le sol poussiéreux.

    " La diplomatie... De la diplomatie. Pourquoi ce mot brûle-t-il votre âme à ce point ? ", lance l'un des doyens de la communauté.

    " De la diplomatie ? Laissez-moi rire en silence. Hypocrisie mal placée me conviendrait plus. Oui car au juste vous êtes bienséants par peur de réactions malsaines. Ou pour soulager votre conscience... Peu importe. ", lança impassiblement Melo'.

    " Gardez votre soit disant politesse pour ceux qui le méritent vraiment. ", rajouta Namoga.

    Froides. Elles sont décrites comme froides par la communauté. Ou décrites comme se donnant un genre. Une image. Comme une image en eaux troubles, qui se meut aux doux mouvements du vent. Tantôt passionnées, tantôt distantes.
    Bien qu'ayant beaucoup d'affection pour Namoga, Melo' quitte l'assemblée d'un pas nonchalant. Ses pieds foulent à peine le sol... Ils pourraient être écorchés par les plaies que le temps a laissé sur ce sol, mais Melo' s'en soucie peu. Melo' enlève ce masque qui a laissé tant d'amertume dans son coeur. *
    Le spectacle est terminé pour moi... Du moins ce soir... * Elle ôte délicatement son accoutrement. Comme si elle mettait son coeur à nu à nouveau.

    Retour à la réalité. Tellement brutal que Melo' se croit double. Se voit autrement. *
    Qui es-tu vraiment ? Vas-tu jouer à ce jeu d'identité longtemps ? * Et pourtant elle n'était plus au théâtre. Elle ne portait plus de masque. Mais elle se sentait étrangère à elle même. Melo' aime le contact des gens. Melo' n'aime pas le contact de la société. Melo' passait de l'euphorie à la mélancolie en un temps record.
    Et les souvenirs se bousculent dans sa tête... *
    Pourquoi le Grand s'acharne-t-il sur mon sort ? Bon ok, une fois j'avais rigolé à cause de la voix supra héliumée d'un prêtre. Mais c'est pas pour ça qu'il doit me jeter dans l'opprobre, le malheur et la déchéance... * Davko... Toujours Davko... Encore Davko... Comment tout avait basculé ce beau jour de mai. Comment Melo' essayait de se montrer souriante, heureuse alors que la réalité était toute autre. Alors que son coeur saignait, lorsque sa voix prononcait Son nom. *Melo' ne cède pas... Pas cette fois-ci. La colère de ta mère, la volonté de tes amies de te sortir de là, l'affection de Davko... Ne détruis pas tout ça par ce poison. Il te rongera le coeur. *
    Mais Melo' était déjà à mi-chemin... Elle ne pouvait plus reculer. Se montrer lâche devant La tentation.


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  • | 10 |

    Melo' a le regard rivé sur le sol. Comme s'il l'obsédait. Comme si un champ magnétique attirait irresistiblement son regard.

    Namoga avait la même expression sur son masque. Ce qui expliquait le fait qu'elle la comprenne tant... Elle était vêtue d'une longue robe pourpre, simple. Son regard avait quelque chose de mystérieux, d'indétectable. Mais Melo' savait qu'à travers ce regard, elle n'avait pas à avoir peur. Plus à avoir peur d'être jugée.

    " Namoga ... Si tu savais comme c'est dur d'avoir à porter l'heureux voile, quand on sait que ce n'est qu'un mensonge du coeur. Je fais ça pour ne pas éveiller leur attention. Pour me faire transparente et impassible. Mais à quoi bon les jolis mots ? Pourquoi inviter le bonheur alors que le malheur frappe au seuil de ma vie ? Je suis une incompréhension humaine. J'ai un comportement contraire à ce que je pense vraiment. Pour ne pas leur montrer qui je suis. Pour ne pas leur faire peur. Pour être parfaite aux yeux de Davko... Mais ce voile est trop lourd pour ma conscience. Si tu savais Namoga... "

    Namoga s'approcha de Melo' et prit délicatement les mains frêles de la jeune fille. Ce geste avait quelque chose de serein, d'apaisant. Pour la première fois, Melo' leva les yeux pour chercher le regard de son interlocutrice.

    Namoga et Melo' s'étaient connues lors d'une autre pièce jouée, " Critique de la société d'aujourd'hui ". Cette pièce traitait de la bêtise humaine et de la Sainte Cruauté, de l'hypocrisie sous toutes les formes. Celle qui pousse les gens à dire des choses admirables par souci de fausse charité. Pour lisser son image. Celle qui pousse les gens à s'aliéner et à se mentir à eux mêmes. A rendre la vérité douce et agréable, voire illusoire. Une des séquences de cette pièce mettait en scène une jeune fille, ingénue, voire totalement niaise. Cette dernière prônait l'usage d'un langage vulgaire, en tout endroit. Car elle pensait que c'était en vogue. Que parler de manière plus " raccourcie " lui ouvrirait n'importe quelle porte. De surcroît, cette demoiselle se plaignait d'une solitude naissante. Son ancien fiancé était un goujat de la pire espèce. Mais elle avait cette naïveté, presque pathologique, qui l'empêchait de le cerner en tant que tel.

    " Jvois pas où qu'il est mon problème ! J'suis parfaite ! Et me voilà refusée dans vot' put*in de cercle de littéraires ... Vous lisez du Mozart hein ? ", s'indigne la candide.

    Eclat de rire général de la part de la communauté. Mais Melo' et Namoga ont un rire cynique. Ce rire qui dérange. Qui raisonne, qui fait mal. Qui ne trompe pas sur le message de méchanceté envoyé. Cette cruauté pesante dans l'assemblée jeta un froid dans la salle. Un lourd silence. Insoutenable.

    " Pauvre sotte... Avant de vouloir entrer dans la communauté, apprends d'abord à parler correctement. Ca ne doit pas être chose aisée pour toi d'avoir un langage décent, mais pour nos pauvres oreilles, aie pitié de nous... Tais-toi. ", déclara Namoga, avec une pointe d'impudence.

    " Et précision : Mozart n'était pas écrivain mais musicien. Alors avant de te targuer de ta supposée perfection, cours t'acheter des neurones. Tu as peut être la beauté d'un tableau mais tu as la bêtise de ces bêtes de foire... ", rajoute insidieusement Melo'.

    La demoiselle s'indigne d'abord en insultant les deux jeunes filles de tous les noms. En levant la main au ciel, comme si elle lancait une malédiction. Mais elles la considèrent avec mépris et dédain. La niaise, voyant que ses injures n'ont pas d'effets, s'en va avec un bruit étouffé de larmes...

    Fière de leur action, elles se regardent avec cet air complice et ricanent machiavéliquement. Mais la communauté ne le voit pas de cet oeil...




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  • | 9 |

    Arrivée à la maison, Melo' sent son coeur battre. Il bat fort, comme si la peur le prenait soudainement. Peur de voir que quelqu'un l'empêcherait d'assouvir son vice virtuel.

    La chambre est éclairée par la lumière du soleil. Melo' s'avance à pas irrésolus. Elle sait que si elle voit son grand frère, une colère tyrannique s'emparera d'elle. Il l'empêchera de vivre son autre vie. De rêver quelques instants. Melo' pousse la porte, entrouverte, et découvre un siège vide.

    *
    Ouf... Un poids en moins sur ma conscience. *

    C'est alors que s'ouvrent les rideaux. Internet, le vaste théâtre. Une grande tragédie. Melo' enfile le masque de la béatitude complète. Des gouttes tombent de son masque et s'échouent sur le sol poussiéreux de la salle. Mais son masque affiche un grand sourire. Melo' sourit au public. Mais derrière ce masque, il y a toujours quelque chose qui l'empêche de ne faire qu'un avec ce voile.

    Oui, elle met ce masque pour se protéger. Pour chaque pièce qu'elle joue, elle change son attitude, radoucit sa voix, dément son coeur et agit contre ses sentiments. Elle se cache derrière ses personnages. Des fois, elle parvient à faire miroiter aux autres celle qu'elle est vraiment. *
    Mais quand vas-tu laisser tomber ce masque ? * Jamais. Par mesure de précaution. Melo' prend soin de son masque, de son image.

    Bien des personnes ont tenté de lui arracher ce voile, cet artifice. Mais il fait partie d'elle. Même si elle le faisait, on verrait alors l'horrible visage de sa vilitude. La perversité de ses pensées noires. Un monstre qui ne lui ressemble pas mais qui vit en elle. Qui se nourrit de tout ce que les autres ont pu lui apporter.

    Sa vie a comme un arrière goût de tragédie. Elle est telle une robe de bal froissée, une feuille blanche délaissée sur une table.

    Melo', bien qu'ayant un visage morne, un visage froid, avait mis son plus beau costume pour la pièce qu'elle allait jouer.

    Elle entre sur scène, les visages sont marqués de stupéfaction. *
    Que se passe-t-il ? Mon masque ne cacherait-il mes vices qu'en apparence ? * Ses pieds foulent le sol, caressent la poussière qui jonche le sol de toute part. D'un regard grave, elle s'adresse à Namoga... La pièce nommée " Confidence " commenca alors.

    " Namoga... Ce soir, j'ai envie d'enlever ce masque... "

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